Login

« On ne défend pas la nature, on est la nature qui se défend. »

Jiyana Tassin, 07.12.2020

Le cimentier Holcim souhaiterait étendre sa carrière sur la colline du Mormont à Eclépens. Une trentaine de militant*e*s luttent pour stopper les dégâts.

 

Adossées à la colline du Mormont, au-dessus de la ville d’Eclépens, se cachent yourtes, tentes et cabanes dans les arbres. Depuis plus d’un mois déjà, activistes et sympathisant*e*s occupent ce lieu qu’ils ont nommé « la ZAD de la colline ». Une des militantes nous explique la raison de leur présence : « La multinationale du ciment LaFarge aimerait agrandir sa carrière de calcaire dans la colline du Mormont. Nous ne pouvons pas la laisser détruire ce patrimoine. » Un combat partagé avec l’association de la colline du Mormont (ndlr. ASM) qui lutte depuis 2014 contre la destruction de ce lieu classé à l’Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments d’importance nationale en raison de sa richesse biologique. En 2018, l’association avait obtenu une première victoire au Tribunal cantonal contre un plan d’extension de la carrière. Mais le gouvernement vaudois avait très vite fait déchanter les militant*e*s en mettant en consultation un plan similaire qui, après une opposition de l’ASM, avait finalement été accepté. Raison pour laquelle, en juillet de cette année, des membres de l’ASM ainsi que trois ONG, dont Pro Natura, ont fait recours à ce projet au Tribunal fédéral. Toujours en attente du verdict, se dresse un bras de fer. Entre orchidées[1] et béton armé.

 

Créatif*ve*s et égalitaires

 

Lieu de lutte mais aussi d’expérimentation et de partage. Chaque semaine, la ZAD de la colline organise trois réunions lors desquelles une trentaine de zadistes se réunissent et décident de la répartition des tâches, des activités de la semaine, ou encore des décisions importantes à prendre. Les débats et les discussions font partie intégrante de cette hiérarchie horizontale. Une jeune zadiste nous explique quelques-unes des activités organisées : « Ce dimanche, des clowns sont venus nous apprendre à réagir et à retourner une situation face à la police. Le lendemain d’Halloween, plusieurs druides nous ont aussi rendu visite et on a, par exemple, décidé hier de faire des teintures naturelles. » Créatif*ve*s et égalitaires, les militant*e*s essaient de vivre un maximum en accord avec la nature qui les entoure. Ils ont notamment construit des toilettes sèches, des poubelles à tri et essaient de respecter au mieux les orchidées environnantes, en avertissant les visiteurs de leur présence, ou encore en réfléchissant aux lieux de construction de leurs cabanes. En souriant, une activiste nous confie : « On ne défend pas la nature. On est la nature qui se défend. »

 

Le béton, pas la seule solution

 

« Il faut pluraliser les moyens de construction car on ne peut plus compter uniquement sur le béton. Il existe aujourd’hui une palette de possibilités dans le domaine tel que le bois, la paille ou encore l’argile. », souligne une zadiste. Une remarque qui soulève un débat très actuel sur notre dépendance au béton. Car, chaque année, notre économie consomme plusieurs millions de tonnes de ciment. En effet, d’après l’Association suisse de l’industrie du ciment, 3.6 millions de tonnes de roches calcaires mélangées à 1.2 million de tonnes de marne auraient été utilisées en 2018 [2]. Des chiffres qui donnent certes mal à la tête, mais qui mettent surtout en évidence la croissance d’utilisation de ce matériel sur notre sol. Et ce problème en cache aussi un autre : la responsabilité du ciment dans la crise climatique. Le Temps expliquait récemment à ce sujet que : « La production de ciment est en effet responsable en Suisse de l’émission dans l’atmosphère de 380 000 tonnes de CO2 chaque année, des données certes en baisse depuis des années, mais toujours considérables à l’heure de l’urgence climatique. »[2]

 

Position des Jeunes Vert-e-s Suisse

 

Le combat mené par les zadistes de la colline concerne aujourd’hui chacun*e d’entre nous. En effet, nous sommes tous touché*e*s par la destruction massive de la flore et de la faune sur notre planète. La société Holcim n’est qu’un exemple parmi les multiples acteurs du dérèglement climatique. Car nombreuses sont les entreprises qui ne respectent ni les droits humains, ni le climat. Même en Suisse. C’est pourquoi, nous, Jeunes Vert-e-s Suisse, désirons apporter notre soutien à ce combat écologique et sociétal qui fait écho au manifeste de notre parti et à l’urgence climatique actuelle. Ces activistes dénoncent, à travers cette affaire, un problème plus vaste que le simple cas de la multinationale du ciment. Loin d’être irréfléchi*e*s, ils questionnent le fonctionnement effréné du système capitaliste actuel. Entre déception et lassitude, ils interrogent nos propres moyens d’action et demandent, à juste titre, des comptes.

 

Comment aider la ZAD de la colline ?

Signez leur appel à soutien ici : http://act.campax.org/p/zad-de-la-colline-fr.

Voici le lien de leur site internet pour plus d’infos : ZAD de la Colline | Orchidées contre béton armé (noblogs.org).

Vivant essentiellement de dons, il est également possible de les soutenir en leur apportant de quoi subvenir à leurs besoins (nourriture, couverture,…).



[1]Orchidées : espèce de fleurs rares présentes sur la colline.

Terme « orchidées contre béton armé » repris du site : ZAD de la Colline | Orchidées contre béton armé (noblogs.org)

Tags:

Über den Autor

Jiyana Tassin

Zurück zu allen BlogsAlle Blogs von JiyanaMehr zu Jiyana