Ilias Panchard, 16.09.2014
Le 4 juillet dernier, une famille syrienne avec des enfants en bas âge a été reconduite de Vallorbe à Domodossola. Malgré des appels à l'aide répétés, sans réaction des gardesfrontières, la mère de famille, prise en charge trop tard, a été victime d'une fausse couche.
Ce cas tragique illustre cette politique de renvoi qui ne prête guère attention aux personnes vulnérables.En 2013, plus de 4000 demandeurs d'asile ont été renvoyés vers l'Italie par la Confédération et les cantons. Plusieurs familles se trouvent actuellement sous la menace d'un renvoi.
Ces renvois s'appuient sur le règlement Dublin qui stipule que la demande d'asile doit être traitée par le premier pays européen avec lequel le requérant est entré en contact. Ce système met une pression excessive sur les pays frontaliers, dont le système d'asile ne permet plus d'accueillir autant de réfugiés.
De nombreuses voix soulignent l'urgence de la situation. Le premier ministre italien Matteo Renzi, le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve, dépassé par le nombre de migrants en attente à Calais, plaident pour un partage des responsabilités face aux flux migratoires entre les États membres. Giusi Nicolini, maire écologiste de Lampedusa, déclarait lors d'une visite à Bruxelles que « sans nouvelle politique européenne sur le droit d'asile et l'immigration, ce ne sont pas seulement les migrants, mais l'Europe qui fera naufrage à Lampedusa. ».
Cela n'empêche pas la Suisse de continuer à renvoyer en masse, alors même que le règlement de Dublin autorise les États à ne pas transférer les requérants d'asile et à traiter les demandes sur leur territoire. La marge de manœuvre politique existe bel et bien. Comme le règlement Dublin permet à la Suisse de renvoyer bien plus de demandeurs d'asile qu'elle n'en accueille, la politique du chiffre chère à l'ODM trouve en Dublin un allié précieux.
Au vu de la situation en Italie et dans les pays frontaliers, Simonetta Sommaruga devrait soutenir une répartition plus équitable entre les États européens. Sans cela, l'Italie, dépassé par la situation migratoire – près de 100'000 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes depuis le début de l'année, continuera à laisser une partie de ces personnes vulnérables à la rue, sans assistance.
Dans l'immédiat, la Confédération et les cantons doivent suspendre les renvois vers l'Italie afin d'éviter de plonger de nouvelles personnes dans des situations de détresse. Au lieu d'accélérer les procédures de renvois, le département de Simonetta Sommaruga doit travailler à traiter plus rapidement les dossiers des réfugiés susceptibles de voir leur demande d'asile acceptée.
Les discours creux de Simonetta Sommaruga ne suffisent plus. Derrière les décisions de renvoi, il y a des êtres humains, souvent des familles avec enfants. Elle doit enfin faire de la politique en reprenant le dessus sur la machine administrative qu'est l'ODM et ses décisions arbitraires.
De nombreux réfugiés syriens, fuyant la guerre, transitent par l'Italie. Ici en gare de Milan (swissinfo.ch)
![]() | Ilias Panchard Co-Président Jeunes Vert-e-s Suisse (2013 - 2016) |
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Intéressé par la politique depuis mon plus jeune âge, j'ai passé le pas au début de l'année 2012 en m'engageant chez les Jeunes Verts. La révision de la loi sur l'asile, votée en septembre 2012, et le référendum lancé par les JVS a été le déclic de mon engagement politique : ce n'étai...
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