Politique de migration

Introduction et définition

Migration vient de migratio (mot latin pour migration) et désigne les personnes en mouvement.

Nous distinguons deux types de migration :

  • Migration non forcée : une migration qui n'est pas due à une menace pour la vie d’un individu mais qui repose sur une volonté personnelle. Nous parlons dans ce cas de "migration volontaire".
  • Migration forcée : la migration est la conséquence de causes externes qui mettent en péril la vie des personnes concernées, par exemple des conflits violents, des persécutions politiques, des crises environnementales, une instabilité politique et économique, des violations des droits humains, etc. Nous parlons dans ce cas de "migration involontaire".

La migration a toujours fait partie du développement et de l'histoire de l'humanité. Cependant, seule une petite partie de la population mondiale a actuellement la possibilité de se déplacer et de s’établir librement.

Les Jeunes Vert·e·x·s demandent à long terme un droit à la migration, des mesures immédiates pour lutter contre les migrations forcées, une meilleure protection pour toutes les personnes migrant involontairement, ainsi que de meilleures possibilités de participation pour l'ensemble de la population résidente. Il est de la responsabilité de la société suisse de prendre ces mesures pour les raisons suivantes: nous devons garantir durablement la paix sociale, nous avons une part de responsabilité dans la migration involontaire (exportations d'armes, colonisation, économie mondialisée et exploitation par l'Occident qui en découle, etc.), nous avons les moyens financiers et nous voulons jouer un rôle de pionnier au niveau international. De plus, la migration participe au développement du multiculturalisme.

 

Droit à la migration

Nous exigeons la liberté de mouvement à l'échelle mondiale : chaque personne doit être libre de choisir son lieu d'établissement. La liberté de choisir son lieu de résidence et ses conditions de vie fait également partie de la liberté d’organisation  et d’épanouissement de chaque individu.

Aujourd'hui, il existe une grande inégalité dans la possibilité d'exercer ces droits. Ainsi, si certaines personnes peuvent se rendre librement dans presque tous les pays du monde, les frontières sont infranchissables pour beaucoup. Ceci est absurde.

Avec le droit à la migration, toutes les personnes établies en Suisse ont les mêmes droits et devoirs que les citoyen·ne·x·s suisses. Sur leur lieu de séjour, iels doivent avoir le droit de vote et d'éligibilité à tous les niveaux de décision. Ce n'est qu'ainsi que la politique pourra représenter les intérêts de l'ensemble de la population.

Le statut de sans-papiers disparaît avec le droit à la migration.

 

Contraintes migratoires
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 100 millions de personnes sont actuellement en exil, mais seules 27.1 millions d'entre elles ont quitté leur pays et ont été officiellement enregistrées comme "réfugié·e·x·s" par le HCR. Parmi les autres personnes en fuite, on compte 53.2 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays (internally displaced people). À cela s'ajoute un grand nombre de personnes non déclarées qui migrent contre leur volonté hors de leur pays, mais qui ne correspondent pas à la définition étroite de la Convention relative au statut des réfugié·e·x·s.

La définition du HCR est trop restrictive et conduit à des conditions insuffisantes, comme par exemple celle du statut de "personne admise à titre provisoire" en Suisse. Ces catégories entraînent un désavantage, une forte pression psychologique pour de nombreux·euses migrant·e·x·s involontaires et entravent leur droit à pouvoir améliorer leur propre vie en Suisse.

 

Demande de lutte contre les pressions migratoires

Si toute personne a le droit de migrer volontairement, personne ne doit être contraint à migrer. Nous devons donc lutter contre les causes de la migration forcée. C'est pouquoi nous demandons que la Confédération, les cantons et les communes s'engagent au niveau national et international en faveur des mesures suivantes:

  • Une protection active du climat selon la prise de position "Climat" des Jeunes Vert·e·x·s Suisse
  • Un arrêt immédiat des exportations d'armes et transparence dans le domaine de l'armement
  • Un désengagement de l'industrie de l'armement et des énergies fossiles
  • Un commerce et une production équitables et la promotion d'exploitations agricoles écologiques, locales et socialement responsables. Cela suppose un accès égal au commerce mondial et régional pour tous les pays.
  • Des mesures ciblées pour lutter contre la corruption en Suisse
  • Des efforts diplomatiques et mesures de politique de développement visant à faire respecter les droits humains (p. ex. liberté d'expression, éducation, absence de torture, égalité des droits et interdiction de la discrimination)

En outre, les contributions de la Suisse à la coopération internationale doivent être augmentées à 1% du revenu national brut. Aucun coût lié à l'asile en Suisse ne doit être pris en compte dans ce quota d'Aide Publique au Développement (APD).

 

Mesures de protection pour les migrant·e·x·s involontaires:

Tant que des personnes devront continuer à migrer contre leur volonté, leur protection est absolument nécessaire et la dignité humaine doit être garantie à tout moment. Toutes les personnes qui migrent involontairement ont le droit de demander l'asile.

Pour protéger les migrant·e·x·s involontaires en fuite et garantir la dignité humaine, les Jeunes Vert·e·x·s demandent donc à la Confédération, aux cantons et aux communes d'agir par les revendications suivantes:

  • Des voies de sortie sûres et dignes pour les migrant·e·x·s involontaires
  • La réintroduction de l'asile dans les ambassades
  • En lieu et place de l'accord de Dublin, une solution contraignante et durable qui permette aux migrant·e·x·s involontaires de choisir librement leur lieu d'établissement.
  • La reconnaissance des situations de détresse matérielle et personnelle (famine ou graves problèmes économiques), des conflits violents et des violations des droits humains, ainsi que de la dégradation de l'environnement et des catastrophes naturelles comme causes de migration forcée
  • La reconnaissance de l'objection de conscience et de la désertion comme motif de migration forcée
  • L’arrêt immédiat de toutes les expulsions
  • La simplification du regroupement familial
  • Un engagement de soutien caritatif dans les pays où la situation humanitaire est désastreuse pour les migrant·e·x·s involontaires
  • Des contributions financières ou une aide aux organisations qui s'engagent pour la protection des migrant·e·x·s involontaires ainsi qu'un meilleur soutien aux pays situés aux frontières extérieures de l'Europe et dans les foyers de crise. Des soins de base et des logements décents doivent toujours être garantis.

 

 

Mesures pour améliorer la participation de l'ensemble de la population résidente

Nous aspirons à une société qui soit façonnée par l'ensemble de la population à tous les niveaux. Toutes les personnes vivant en Suisse doivent pouvoir s'exprimer librement dans toute leur diversité, se sentir respectées et vivre leur vie à leur façon, à condition que celle-ci n'enfreigne pas les lois. Les lois ne doivent pas viser à discriminer des groupes de personnes.

La Confédération, les cantons et les communes s'efforcent de créer et de promouvoir des possibilités de rencontre dans lesquelles des personnes d'horizons culturels différents peuvent se retrouver. Les migrant·e·x·s involontaires, en particulier, doivent se voir offrir des possibilités de se créer un réseau social et de rencontrer des gens.

La notion d'intégration est revendiquée par une classe dominante privilégiée, blanche et chrétienne. Avec le terme "intégration", c’est une société homogène dans laquelle tou·te·x·s doivent s'adapter à la population majoritaire qui est exigée. Les Jeunes Vert·e·x·s demandent de travailler à la diversité sociale en mettant l'accent sur l'inclusion plutôt que sur l'intégration.

Nous demandons donc à la Confédération, aux cantons et aux communes:

  • L’obtention immédiate d’un permis de séjour durable pour les personnes vivant en Suisse. Le statut des sans-papiers est ainsi supprimé
  • L’obligation d’accueil de migrant·e·x·s involontaires pour chaque commune
  • Des cours de langue gratuits (y compris matériel et trajet) avec pour objectif que tou·te·x·s les migrant·e·x·s y participent, car la maîtrise d'une langue commune est une nécessité.
  • Un engagement des autorités à rédiger les documents dans des langues clairement compréhensibles pour les migrant·e·x·s et à leur fournir gratuitement des interprètes
  • Le droit de vote et d'éligibilité à tous les niveaux de décision pour toutes les personnes vivant en Suisse
  • Une reconnaissance plus facile des diplômes déjà obtenus à l'étranger et des offres de formation continue si des compétences supplémentaires sont nécessaires pour exercer la profession en Suisse
  • Un accès aux offres de formation (par ex. apprentissage professionnel, études) pour les migrant·e·x·s involontaires
  • Une lutte systématique contre le dumping salarial
  • Une accès à un logement privé décent sans réserve pour les migrant·e·x·s involontaires
  • Le maintien de l'infrastructure pour le premier hébergement des migrant·e·x·s involontaires. Les premiers logements restent la propriété des pouvoirs publics, mais peuvent être réaffectés temporairement
  • Une assistance psychologique

 

Adopté lors de l'assemblée générale du 5 novembre 2022 à Neuchâtel (NE).